Tout d'abord, il faut savoir qu'il s'agit certainement d'un des jeux les plus demandés du salon. Au point qu'une demi-heure à peine après l'ouverture du salon, l'équipe de Repos Prod était obligé d'instaurer un système de réservation pour les amateurs. Pour un jeu qui se joue en moins d'1h (première partie, explication des règles comprises) à 6 joueurs... cela laisse rêveurs quant au nombre de personne qui l'ont testé au final.
Etant arrivé à 10h20, j'ai du prendre mon mal en patience et réserver ma place pour la prochaine partie. Mais cela ne m'a pas empêché de regarder la partie en cours, en attendant.
Un gars de Repos Prod commence l'explication de règles. En résumé, chaque joueurs contrôle une cité, connue pour avoir permis l'édification d'une des 7 merveilles du monde. Le jeu se joue en 3 ages, lors desquels, chacun d'entre eux recevra 7 cartes. Ils devront en choisir une, la jouer puis passer les cartes restantes à leur voisin de gauche. Les cartes peuvent être jouées de 3 manières différentes : soit être défaussées pour gagner 3 pieces d'or (= 1 pv), soit participer à la construction d'une merveille (3 étages... Le 1er donne 3 pt, le dernier 7, et celui du milieu donne un pouvoir unique à chaque merveille), soit être posée sur son aire de jeu. Puis l'on récupère les cartes de son voisin, on choisit une nouvelle carte, on la joue et on donne le reste à son voisin de gauche. Et ainsi de suite, jusqu'à n'avoir plus que 2 cartes en main, une jouée et l'autre défaussée. A la fin des 3 ages, on compte les points donnés par les différentes cartes, l'or accumulé et les étages de merveille construits.
Pour moi, rien de bien neuf : j'avais révisé la semaine dernière en dévorant des yeux les règles publiées sur le site des Belges ^^. Toutefois, j'observe avec attention l'effet sur les 6 joueurs : aucun d'eux ne connait vraiment le jeu sauf 1. Leur réaction et leur capacité à intégrer les règles pourraient donc être un excellent marqueur de l'accessibilité du jeu. 15 minutes : c'est le temps qu'il faudra à Thomas pour tout expliquer, le plus long étant clairement de détailler les différentes cartes. Et les joueurs ? La plupart ont déjà compris le jeu. Pour les autres, les quelques doutes disparaitront après un premier tour réalisé pas à pas plutôt qu'en simultané (bonne idée d'ailleurs pour aider les nouveaux à bien assimiler le jeu). Niveau accessibilité, le bilan est donc très nettement positif. Faut dire qu'entre les règles très simples et l'iconographie de premier ordre sur les cartes du jeu, difficile de faire mieux pour un jeu de Civilizations.
Il faudra près d'une heure pour que la partie se termine. A chaque fin d'age, Thomas prendra quelques minutes pour expliquer les nouvelles cartes qui arrivent. Mais, les 30 minutes de jeu annoncées sur la boite, ne sont pas loin d'être respectées... et donc tout à fait réalistes lors de parties entre connaisseurs. Un autre bon point
A la fin de la partie, il faudra encore quelques minutes pour compter les points de chacun mais, là encore, une fois habitué, chacun pourra rapidement le faire. Pour autant de temps gagné.
Les joueurs sont enfin partis, il est temps de pratiquer. Je m'installe donc à table avec un groupe de 5 joueurs qui seront mes adversaires sur cette partie. Face à moi, un petit carton avec imprimé dessus, une superbe illustration de Miguel Coimbra représentant la Statue de Zeus. Cette merveille (qui porte bien son nom), me permettra une fois son 2e étage fait de pouvoir construire 1 fois par age un bâtiment de mon choix gratuitement.
Thomas réexplique les règles, distribue 7 cartes à chacun puis nous voilà parti. Ma première main est une cruelle déception : 4 cartes ressources,deux cartes militaires que je ne peux construire car ne disposant pas des ressources et une taverne (+5 pièces d'or). Moi qui espérait pouvoir partir sur des bâtiments verts ou bleus et ainsi faire très vite des points, c'est perdu... Je décide malgré tout de construire la taverne : quelque chose me dit que l'argent sera une denrée rare et, ne comptant pas faire beaucoup de ressources, il me faudra bien les acheter chez mes voisins. Lorsque tout le monde a choisit sa carte, chacun la révèle à tour de rôle afin de bien s’imprégner des règles. Les prochains tours, eux, se feront en simultané.
Je prend ensuite les cartes de mon voisin de droite, et regarde fébrilement ce qu'il m'a donné : 5 ressources et une carte verte. Chouette ! Sauf que je ne peux pas la construire, n'ayant pas de tissu
Je choisit donc de poser un bûcheron (1 unité de bois / tour). Dès le 2e tour, le rythme s'accélère : les joueurs ont compris l'iconographie et le principe du jeu. Commence alors une série de choix plus cornéliens les uns que les autres : vaut-il mieux construire un petit bâtiment à point, ou investir sur l'avenir en enchainant les ressources ? Quand construire ses étages de merveilles ? Trop tôt, cela gêne le développement futur et empêchera de priver d'une carte importante son voisin (système du draft). Trop tard, le pouvoir de la Merveille perd en utilité.Mes premiers tours se résumeront malheureusement à construire beaucoup de ressources et un bâtiment bleu (2 pts). Aucun vert malheureusement n'est venu à moi. Idem pour le système de chainage (un bâtiment construit à l'âge 1, donne accès gratuitement à un bâtiment à l'âge 2.). Et comme ma voisine s'est lancée dans le militaire (1 bouclier à la fin de l'âge), je sens que la partie va être difficile. Sans parler qu''en face, ils sont 2 à être parti très fort sur les cartes vertes. Fin de l'âge I, le temps des conquêtes. Chacun compare donc sa force militaire à celle de ses voisins. Les défaites donnent un -1, les victoires 1pts (3 pts à l'âge II, 5 pts à l'âge III). Pour ma part, une défaite et un match nul.
Le temps d'expliquer les nouvelles cartes, le deuxième âge commence. Là, je vais comprendre que tout l'investissement dans les ressources que j'ai fait au 1er âge, va clairement payé : à chaque fois, j'aurais en main une large proportion de cartes intéressantes que je peux directement construire. De même, je suis dors et déjà assuré de pouvoir construire chaque étage de ma merveille sans avoir à débourser 1 centime chez mes voisins (2 en bois, 2 en pierre et 2 en fer). Enfin, cerise sur le gâteau, mes 2 voisins commencent à chaque tour à me payer pour mes ressources. La situation s'annonce sous les meilleurs auspices. Toutefois, je manque cruellement de produits manufacturés (tissus, parchemin et verre) et de plus en plus de bâtiments en demandent. Si je ne veux pas être pénalisés au dernière âge (mes voisins n'ont aucun intérêt à s'y investir), il va falloir me pencher rapidement sur ce problème. Je profite toutefois de mes ressources pour construire les 2 premiers étages de ma merveille, histoire de pouvoir utiliser mon pouvoir d'ici la fin de l'âge, et pour me renforcer en militaire (2 fois 2 boucliers).
Ainsi quand vient la fin de l'âge II, je croule sous l'or, écrase mes adversaires avec mes légions (6 points) et dispose d'une solide économie (toutes les ressources) avant la dernière ligne droite. Seul souci, et de taille, mon très faible nombre de points de victoire. Surtout quand on voit que les 2 joueurs "verts" risquent de faire mal à la fin (déjà 4 et 5 cartes).
Le dernier âge sera certainement le plus long. Etant celui qui offre le plus de possibilités de scorer, avec notamment l'ajout des Guildes (cartes mauves), les choix sont de plus en plus difficiles. Et, la mécanique du jeu étant parfaitement assimilée maintenant, chacun regarde son voisin pour éviter de lui donner des cartes qui pourraient lui offrir la victoire. Bref, il y a de quoi s'arracher les cheveux et la tension monte d'un cran. C'est le moment idéal pour jouer les pleureuses : j'attire donc l'attention de mes partenaires sur nos 2 adversaires qui accumulent les cartes vertes. Si personne ne les arrêtent (jouer ou cacher des cartes vertes pour les empêcher de les avoir), ils vont largement finir devant. De mon côté, j'utilise une carte verte justement pour construire mon dernier étage de merveilles. Je me renforce en militaire, construit une guilde des stratèges (1 pt par jeton "défaite" chez mes voisins) puis aligne les gros bâtiments civils (5 à 7 points... chacun !). La tension monte au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la fin de partie. Les dernières cartes sont l'occasion de jouer des coups de p... à nos voisins, comme cet arsenal qui permettra à ma voisine de me repasser devant en militaire (7 points de perdu... 5 pour la victoire, 1 à cause de la défaite... et 1 à cause de ma guilde des stratèges). Cela couine donc à droite et à gauche. L'ambiance reste tout de même à la rigolade.
Vient maintenant l'heure des comptes. Etrangement, je suis très déçu par mon tableau de jeu : aucune carte verte, 1 seule carte mauve et des batailles qui ne me seront qu'en partie profitables. Pourtant, je continue d'espérer et écoute avec avidité Thomas faire les décomptes de mes adversaires. 47 pour le premier ! Ouch ! Une grosse partie militaire qui fait mal. Et, pour avoir suivi les parties sur tric trac, je sais qu'il est un sacré client pour la victoire finale. 47 points pour un autre joueur... puis 39 pour mon voisin de droite (il s'est fait pillé en terme militaire du début à la fin... ce qui est plutôt bon pour ma guilde des stratèges
). A mon tour maintenant.... Persuadé d'avoir perdu, je laisse Thomas compter. Une minute de silence puis, le résultat claque comme un fouet : 55 points. Comment ? Impossible ! Pas avec mon tableau. Et pourtant, c'est bien le cas : 10 points de merveille, 9 points de militaire (11-2), 5 points d'or, 6 points de guilde et... 25 points en bâtiments civils ! Reste à voir ce que va faire Babylone, le spécialiste des cartes vertes. Cela commence mal : 36 points rien qu'avec les cartes scientifiques ! Aie ! 10 points de plus avec la merveille.... et c'est tout, ou presque. Il terminera à 52 points. Il avait totalement laissé tombé le militaire (-6) et n'avait que peu de cartes autour pour avoir d'autres sources de points.J'ai donc gagné ma première partie de 7 Wonders et remporte donc 2 verres Repos Prod :cheers:
Quant au jeu, il a dépassé mes attentes : très bien équilibré, tendu, très tactique (on reste quand même dépendant des cartes en main. Inutile donc de se dire : cette partie, je joue vert) et beaucoup d'intéractions. Car n'allait pas croire qu'il suffit de regarder ses 2 voisins directs. Il est indispensable de regarder ce que font les autres afin de s'adapter. Ainsi, dans ma partie, plusieurs étaient partis sur les verts (3 sur 6) mais aucun ne faisait réellement des bleus. Enfin, le nombre de stratégie possible reste importants (victoire militaire, verte, bleue, mauve, mixte, etc) et je vois mal le jeu devenir répetitif. Reste toutefois à tester cela à plus long terme.
Cela a confirmé mon intention de l'acheter. Seul bémol : le format des cartes sera unique (ni magic, ni format européen) ce qui risque de poser problème pour les protéger. A voir...
